Pierre Foglia et les manipulateurs d’âmes : Quand la critique et la lucidité ont bien meilleur goût
La série de chroniques intitulée "Les manipulateurs d'âmes", publiées en 1988 sur les cours de croissance personnelle dénonçait certaines pratiques. Foglia nous rappelait que la pensée critique, la recherche de vérité et le respect de l'autre sont des valeurs fondamentales en thérapie et dans la vie.
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Charles Trempe
9/5/20253 min read


À l’annonce du décès de Pierre Foglia, journaliste et chroniqueur à La Presse de 1972 à 2015, je me suis rappelé à quel point j’aimais ses chroniques. Elles étaient source de discussion avec certains collègues au CLSC où je travaillais. Avant même de se dire bonjour, il n’était pas rare de nous entendre lancer As-tu lu Foglia ce matin ?
Il avait un style bien à lui, un style où j’avais l’impression qu’il ne nous écrivait pas, mais qu’il nous parlait. C’était comme s’il s’adressait à chacun de nous en particulier. Ça ressemblait beaucoup plus à un langage oral familier qu’à de la prose journalistique.
Les sujets abordés l’étaient toujours sous un angle différent, parfois juste à côté du sujet principal, ce qui nous prenait par surprise et nous faisait sourire. Il était drôle, taquin, sans gêne, intelligent, cynique, libre penseur, irrévérencieux, amant autant de la nature, de ses sorties en vélo que de sa fiancée et de ses chats.
Il avait l’habitude de publier trois chroniques par semaine : les mardi, jeudi et samedi, habituellement à la page A5. Or, lorsqu’il a publié ses chroniques intitulées « Les manipulateurs d’âmes », chronique sur les cours de croissance personnelle, nous avions droit à une chronique par jour pendant huit jours consécutifs. Lui qui dénonçait les pratiques d’accoutumance en avait créé tout une chez moi : je ne voulais en manquer aucune...
Cette série de chroniques m’avait particulièrement intéressée. Il y abordait les dérives des cours de croissance personnelle, dénonçant les croyances simplistes, la superficialité, les méthodes douteuses et l’aveuglement volontaire de certains adeptes. Foglia, fidèle à son style incisif et libre, y mêlait ironie et lucidité, sans jamais sacrifier la rigueur de sa pensée.
Ce sujet me rejoignait profondément. Dans un autre domaine, j’ai été témoin de cette même dérive : celle de personnes s'improvisant psychothérapeutes sans formation adéquate. Ou encore, ils avaient des diplômes universitaires, mais dans des domaines complètement étrangers à la psychologie ou à la psychothérapie : biologie, ingénierie, enseignement, etc.
Leurs acquis pouvaient provenir de trois sources :
1) de leurs expériences de vie, qu’ils généralisaient comme étant un savoir universel ;
2) d’une accumulation de lectures dans le domaine de la psychologie ;
3) ou pire, d’une croyance narcissique selon laquelle leur personnalité suffisait à faire d’eux des psychothérapeutes.
Il n'était pas rare de les entendre comme experts lors d'intervention médiatisées. Leurs atouts : une belle prestance, de jolies gueules et des talents de communicateurs.
Heureusement, la loi sur la pratique de la psychothérapie est venue tout changer en 2012. Cette loi protège maintenant le titre de psychothérapeute ainsi que l’exercice de la psychothérapie. Les exigences académiques et pratiques sont clairement définies.
Je vous raconterai, dans un autre article, mon expérience avec un charlatan de la psychothérapie.
Pour revenir à Pierre Foglia, en guise de souvenir, j’ai décidé de reproduire sur mon blogue les chroniques qu’il a consacrées aux manipulateurs d’âmes. Les articles de La Presse de 1988 proviennent de la Banque et Archives nationales du Québec. Le texte a été reproduit tel quel, sauf lorsqu’il s’agissait d’erreur d’imprimerie. Ce que j'ai retenu de son intervention, c'est qu'il nous rappelait que la pensée critique, la recherche de vérité et le respect de l'autre sont des valeurs fondamentales, que ce soit en journalisme, en thérapie ou dans la vie.
Maintenant, si Foglia était assis à côté de moi, il aurait sans doute détesté mon logiciel de correction Antidote, qui lui ne se gêne pas pour relever certaines fautes… Mais Foglia, lui non plus, ne se gênait pour utiliser un langage oral franchement tarabiscoté, mon vieux…
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